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Transformer le système politique pour la génération Y

2.4 – Rôle des partis : faciliter la vie politique, pas plus

Dans ce post, on se propose de revoir le rôle des partis politiques pour l’adapter à un système politique en mode projet, et pour éviter les écueils vus dans les posts précédents : les nouveaux modes de fonctionnement de la génération Y, la sélection de « gens d’appareil » comme candidats aux élections, et le mélange des genres pratiqué actuellement entre les différents profils de participants à la vie politique.

L’évolution du rôle du parti politique peut être comparée à celle du manager vis-à-vis de la génération Y (que je tire également d’une conférence du Boson Project) :

Pour les partis politiques, ce devrait être la même chose. Le parti ne devrait plus servir de tremplin pour une carrière politique, de même que le poste de manager d’avant servait d’accélérateur de carrière. En revanche, le parti politique devrait jouer le rôle de facilitateur pour les acteurs de la vie politique partageant son idéologie, comme le manager de maintenant.

Le parti politique serait alors composé d’un nombre réduit de personnes dédiées à des fonctions d’animation et communication (grosso modo les « bureaux » du parti actuel)

Les citoyens – appelons-les des « coopérateurs » 😉 – seraient issus de tous horizons (et pas seulement du monde associatif) et pourraient participer à la vie politique avec l’appui du parti via les projets de transformation ou via la gestion, ou seraient simplement intéressés pour suivre l’actualité et la communication du mouvement, et/ou soutiendraient financièrement le parti en question.

La problématique qui subsiste est la suivante. Aujourd’hui, l’accès à des fonctions politiques est réservé à très peu de personnes : il faut donc pouvoir les sélectionner. Le fonctionnement des partis permet de faire émerger des candidats aux élections (assez mal à mon avis, mais elle le permet). Si on supprime ce rôle du parti politique, comment sélectionner les candidats ? 

Plaçons nous dans le système politique en mode projet vu précédemment.

Concernant le fonctionnement par projets :

Au niveau local, c’est très simple. Ce sont les citoyens qui décident d’eux mêmes de porter des projets, en fonction de leur cheval de bataille. Le parti joue alors un rôle de facilitateur :

Au niveau national, reprenons l’exemple du Grenelle de l’Environnement, qui s’inscrit totalement dans cette logique de projet. L’objectif du projet était de redéfinir les règles (les lois) pour permettre l’atteinte des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Les citoyens ont été mobilisés via les associations, les syndicats et les organisations professionnelles qui y ont envoyé des représentants (porte-paroles, experts, négociateurs…). Le parti politique n’a donc qu’un rôle marginal à jouer dans ce type de projets (et peut intervenir en support en communiquant dans les médias par exemple).

Concernant les équipes de gestionnaires :

Avant de proposer une solution, entendons-nous déjà sur le fait que cette question est beaucoup moins problématique qu’auparavant. D’abord, parce que les gestionnaires ne représentent plus qu’une toute petite partie des participants à la vie politique. Ensuite, parce que leurs prérogatives sont également beaucoup moins larges.

Voici toutefois une proposition pour sélectionner les gestionnaires. On veut que ce soit des gens qui aient effectivement une compétence de gestionnaire, dans leur activité professionnelle par exemple. Pour le vérifier, pourquoi pas engager un processus RH classique pour pré-sélectionner des candidats ? Ces RH appartiendraient à une entité publique, ce seraient donc des fonctionnaires neutres (vous savez, ces gens qui ont un emploi à vie non pas parce qu’il sont privilégiés mais pour qu’ils ne puissent pas être virés en fonction de leurs convictions lors des changements de ligne politique).  Parmi les candidats validés par ce processus, les partis politiques choisiraient une équipe de gestionnaires parmi les personnes partageant leur ligne idéologique, avec des modalités de sélection qui leur sont propres (et avec toutes les dérives que l’on voudra puisque de toute façon ça n’a plus beaucoup d’importance).

Doit-on attendre le système politique « en mode projet » pour changer la manière de fonctionner des partis ?

L’actualité prouve que non ! Deux candidats « hors système » à l’élection présidentielle ont mis en place des structures présentant des similarités. Il s’agit de :

– Jean-Luc Mélenchon et le mouvement « La France insoumise«  Le mode de désignation des candidats aux législatives est en effet original  : « Un comité électoral sera mis en place […] qui désignera les candidat-e-s titulaires et suppléant-e-s de la France insoumise. Il sera composé d’insoumis-es non candidat-e-s, […] et tiré-e-s au sort parmi les animateurs des groupes d’appui certifiés qui seront volontaires pour cela. » (extrait de la newsletter).

Emmanuel Macron et le mouvement « En marche« . L’adhésion gratuite permet de créer ce pool de citoyens décrit plus haut, constitué de personnes qui partagent les idées principales du parti. Libre à ces personnes, ensuite, de financer le parti via du crowd-funding, c’est-à-dire en choisissant le montant. Actuellement le tarif d’adhésion à un parti décourage totalement les adhésions de masse (chez EELV, la cotisation annuelle représente environ 10% de votre salaire mensuel, faites le calcul et voyez si vous êtes toujours aussi motivés pour adhérer). Cette barrière à l’entrée empêche le parti de constituer une masse critique d’adhérents à fédérer.

Notons toutefois que ces mouvements ont pu se constituer aujourd’hui car ces deux personnalités avaient déjà émergé dans l’espace public.

Mais a-t-on encore vraiment besoin de faire émerger des figures de pouvoir individuel ?

La semaine prochaine, on conclura cette séquence en constatant que l’évolution nécessaire du rôle des partis politiques n’est in fine que l’accompagnement d’une mutation profonde dans la façon de prendre le pouvoir, mutation permise par la révolution digitale.

 

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2 commentaires sur “2.4 – Rôle des partis : faciliter la vie politique, pas plus

  1. Dominique Filatre
    8 juin 2017

    En fait, les experts thématiques externalisés des partis politiques existent depuis longtemps (Négawatt, Greenpeace, le DAL, etc…). Le problème, c’est que les partis se voient encore dans une fonction globalisante, pour ne pas dire totalisante, de hiérarchisation des thèmes. Il faut aller voir des Charlotte Marchandise ou des Isabelle Attard, pour sortir de cela.

    Aimé par 1 personne

    • polittY
      11 juin 2017

      Je suis d’accord avec toi, le parti ressemble déjà un peu à ce que je propose. J’ai été du côté animation d’une commission thématique et j’ai pu voir les bonnes énergies que l’on peut mobiliser côté associatif (ce qui me rend encore plus absurde le fait que les élus ne viennent que des partis politiques). Mais j’ai aussi vu l’air surpris des gens d’appareil quand on essaye d’aller au-delà de ce qui se fait traditionnellement et de proposer du fond (guides thématiques pour les élus, bases de retour d’expérience : quoi, on ne cherche pas juste à faire de la comm’ ??)

      Aurais-tu des liens à partager concernant la vision de Charlotte Marchandise et Isabelle Attard sur le sujet ? Je ne connais pas bien leur propos et je suis intéressée pour en savoir plus .
      Merci d’avance !

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Cette entrée a été publiée le 4 décembre 2016 par dans #MondedelEntreprise, EELV, GénérationY, UnAutreSystème.