2.5 – Partis politique : accompagner la mutation du pouvoir
Article précédent sur le rôle des partis en tant que facilitateurs de la vie politique
Jusqu’ici, l’un des buts des partis politiques était de faire émerger des leaders, c’est-à-dire des personnes capables de prendre le pouvoir et de diriger efficacement tout ce petit monde.
Dans une (grosse) entreprise, c’est la même chose – soit dit en passant, si le parallèle entreprise/système politique fonctionne à peu près, c’est bien parce que ce sont deux systèmes où les jeux de pouvoir sont particulièrement présents.
Les activités des salarié(e)s permettent à certain(e)s de mettre en avant leurs qualités de leadership, d’être repéré et éventuellement formé à devenir cadre-dirigeants de l’entreprise. Pour en arriver là, le futur dirigeant doit démontrer ses qualités et accumuler de l’expérience en passant de poste en poste, de « petit chef » à « grand chef ».
On obtient ainsi une belle structure pyramidale, avec beaucoup de chefs et une hiérarchie très marquée, caractérisée par un rapport d’autorité entre le chef et ses subordonnés.
Voilà, ça c’était avant l’arrivée de la génération Y et de l’un des outils dont elle sait particulièrement se servir : Internet (ou disons plutôt, le Digital, parce que ça sonne mieux). Le caractère autoritaire de la relation de subordination ne passe alors plus :
En effet qu’est-ce que le pouvoir ? On pourrait dire que c’est la capacité à imposer ses idées ou des actions aux autres, ou à transformer un groupe selon sa propre idée.
Or aujourd’hui, avec Internet, le savoir n’est plus la compétence première pour prendre le pouvoir (contrairement à ce que les hommes providentiels, en politique, veulent nous faire croire).
Comment appliquer cela au système politique ?
Dans le système représentatif actuel, il faut qu’un individu prenne le pouvoir pour être en mesure de faire changer quoi que ce soit. On assiste alors, mi-amusé mi-consterné, à des luttes d’égo pas possible pour arriver au pouvoir suprême, Président de la République.
Sauf que, de même que le Digital change les rapports de force en entreprise, Internet est en train de changer les rapports de force dans le système politique.
Par exemple, si vous voulez interdire les pesticides qui tuent les abeilles, vous pouvez soit
devenir Président de la République – une sinécure,
soit, à la place,
être 500 000 à signer une pétition en ligne sur Avaaz ou Change par exemple.
Sauf que ça, sans Internet et sans des plateformes de fédération de communautés, c’est beaucoup plus difficile.
Voilà pour le nouveau rôle clé des partis : prendre le pouvoir via la fédération d’une communauté et la diffusion de ses idées.
Cela n’a rien de révolutionnaire. C’est en fait le seul rôle que bien des militants écologistes attribuent à EELV, contrairement à ses dirigeants qui sont parfois plus dans une logique de pouvoir personnel.
Et en effet, pourquoi, en parallèle de ce rôle, le parti politique ne continuerait-il pas à assurer le rôle de sélection de leaders ?
La grande crainte des écologistes à ce sujet est que la course au pouvoir elle-même flatte nos bas instincts de puissance et finisse par corrompre l’honnête individu, si bien que :
Crainte à mon avis légitime.
Transformer la société sans prendre le pouvoir individuellement : en prônant cette philosophie, les écologistes étaient donc, comme à leur habitude, visionnaires depuis 40 ans. C’est la puissance d’Internet qui permet maintenant de réaliser cette belle idée – dommage qu’EELV soit en partie un repère de technophobes !
De manière pratique, on l’aura compris, pour fédérer la plus grande communauté possible, il est impératif d’enlever toutes les barrières à l’entrée : adhésion gratuite obligatoire !
Un parti composé de 500 animateurs + une communauté écologiste de 100 000 personnes : il ne reste plus qu’à rédiger une motion pour le congrès 2018 !
La semaine prochaine, on commence une nouvelle séquence pour entrer plus en détail dans les modalités pratiques du système politique en « mode projet » : comment proposer les projets ?
À propos de polittY
polittY 